Recueils



Brisement

Marc, l’e?vange?liste, nous raconte de fac?on de?taille?e et vivante
le de?roulement d’un repas
que Je?sus prend chez un certain Simon, dit « le le?preux »,
sans doute gue?ri par le Mai?tre.

Allonge?s a? la mode orientale,
les hommes se trouvent autour de la table lorsqu’une femme entre.
Elle porte un beau flacon d’alba?tre, qui contient un demi-litre de parfum,
un parfum de nard pur, l’un des meilleurs, l’un des plus cou?teux.

De?bordant d’amour, elle brise le flacon lui-me?me,
afin que tout le parfum s’en e?chappe, jusqu’a? la dernie?re goutte,
pour parfumer Je?sus qui, l’ayant libe?re?e de ses de?mons
et lui ayant pardonne? ses pe?che?s nombreux,
est devenu son sauveur bien-aime?.
La maison entie?re fut odorante durant des heures…

Tu es, toi aussi, qui que tu sois, « flacon »…

Le prophe?te Esai?e a eu cette re?ve?lation divine :
le Cre?ateur est artiste-potier ;
jarre, vase, pot, ou de?licat flacon de cristal taille?,
l’e?tre humain est re?cipient ; ce qu’il contient est unique.
Seul le Cre?ateur connai?t la valeur du parfum,
et, pour le de?gager en sa totalite?, il est oblige? de briser le flacon ;
car si gracieux soit-il, si pre?cieux, si beau soit le vase,
si artistiquement ouvrage?,
il n’est que re?cipient…

Si le Fils de Dieu lui-me?me a e?te? de?figure? a? force d’avoir e?te? battu
par les soldats romains et ceux qui purent l’approcher,
a? tel point qu’Esai?e a eu la re?ve?lation de ce visage
« de?fait et me?connaissable »…
combien plus chacun de nous, qui voulons lui obe?ir,
le suivre et le servir dans l’amour,
devons-nous laisser notre Mai?tre briser, e?mietter, tailler,
afin de faire de nous un re?cipient nouveau,
une outre neuve ou? verser son Eau vive
pour abreuver les assoiffe?s d’amour,
et le parfum qui, dans l’adoration et la louange,
montera jusqu’au tro?ne de Dieu pour re?jouir son cœur !…